FRA-ALBERT-Edouard

Nom, Prénom ALBERT, Edouard , pseudo Denis

Naissance: né le 1er mai 1918, à Donnezac en Charente-Maritime, France

Matricule militaire 8682

Numero de Prisonnier de Guerre (PG) 6063 XII D

Parcours civil: Cultivateur (Bordelais)

Parcours militaire:

  • Jusqu’au 10.06.40 Dernière affectation militaire d’Edouard: Canal des Ardennes, entre Attigny (Vosges) et Le Chêne Populeux, puis retraite/ débacle.

Parcours de prisonnier

  • 21.06.40  Capture à Charmes dans les Vosges.
  • ~24.06.40 Arrive avec 3-4 camarades de section à Lixin (Saint Avold); il n’est pas blessé; Pierre Laraigne le retrouve.
  • ~26.06.40 Départ pour Saarbrücken (avec l’espoir d’étre libéré).
  • Date ? Arrivée au Stalag XIID -Trier Petrisberg, attribution du n° de PG 6063
  • Jusqu’au 31.10.41 Affectation d’Edouard à un commando de travail (Kdo), employé par un “Patron n° 1” aux travaux agricoles. Conditions dures sur la fin suite à une rage dentaire; demande à changer de patron, ce qui se fait la “veille de la Toussaint” (lettre du 2.11.41).
  • 01.11.41 Affectation d’Edouard à un autre Kdo, employé par “Patron n° 2”; puis retour au Stalag ou réaffectation directe au prochain patron?
  • 07.11.41 Affectation au Kdo 147 d’Eisenschmitt, “Patron n° 3” = Peter Molitor, Hotel/Minoterie Molitorsmühle, Eichelhütte.
Hotel/Minoterie Molitorsmühle vers 1945
La famille Molitor en 1927, mon AGP et AGM en arrière plan, employeurs d’Edouard pendant la 2e GM; ma GM Anny, l’ainée de la fratrie, tout à gauche; à sa gauche son frère Josef, resté ami avec Edouard après la guerre; l’avant dernier à droite Richard
(Source “Chronik der Grossfamilie Molitor” page 449)
  • Printemps 42 Richard (un des fils Molitor, agé de 17 ans) joue au ballon avec Edouard et est dénoncé par la police d’Eisenschmitt, convoqué au tribunal en Juillet 1942 pour avoir jouer avec l’ennemi.
  • 26.04.42 Lettre de Pierre Lareigne, camarade de compagnie d’Edouard, envoie une lettre à son épouse d’Edouard, retraçant leur captivité; Pierre a été libéré en ~Aout 1941 et renvoyé en France (pour raisons médicales).
  • 02.11.42 Lettre d’Edouard à son épouse; la lettre est transportée sous le manteau jusque dans les Vosges par un des fils du patron Molitor qui va faire ses classes à la Wehrmacht. Les PG n’avait pas le droit d’envoyer ou recevoir du courrier en dehors des canaux officiels de la poste censurée du Stalag XII D.
  • 05.01.43 Edouard reçoit un colis de son épouse.
  • 06.01.43 Lettre d’Edouard à son épouse, ses parent et sa fille, transportée par contrebande aussi; il y signale à nouveau la libération de 2 autres prisonniers (+ un autre au “patelin d’à coté”).
  • 03.03.43 Edouard reçoit une carte de son épouse.
  • 01, 03 et 04.03.43 Edouard écrit 3 lettres à son épouse Edith, toutes transportées par contrebande par Josef Molitor, enrolé dans la Wehrmacht, qu’il envoie en une seule fois. Il signale qu’il a avec lui un camarade (Albert LUCAS, domicilié La Couarde, Ile de Ré). Dans sa lettre du 3 Mars, il précise qu’il sont assez bien informés de la situation militaire et souligne par un double trait “malgrés le bruit d’usine”. Ils entendent passer toutes les nuits les “hirondelles” qui vont bombarder les villes allemandes vers l’Est (Coblence la nuit précédente du 3 Mars ). Il précise que se seront les dernières nouvelles jusqu’à la prochaine permission de Josef (un des fils Molitor enrolé dans la Wehrmacht); ce qui veux dire que Josef est en permission à ces dates et va remporter la lettre d’Edouard en France.
  • 01.08.43 Courrier transporté par les chemins officiels (donc censurés) envoyé par Antoine ALBERT, PG au Stalag XII A à son frère Edouard, PG du Stalag XII D et Kdo n° 147 d’Eisenschmitt, ce qui permet de confirmer le numéro de ce Kdo.
Courrier d’Antoine ALBERT, PG au Stalag XII A à son frère Edouard, PG au Stalag XII D Kd 147 d’Eisenschmitt
  • ~02.45 L’un des généraux allemands du Generalstab West (qui avaient réquisitionné l’Hotel Molitor en janvier 1945) conseille à Peter Molitor de construire un refuge sûr pour se protéger de l’inéluctable avancée des forces alliées. Peter et Edouard aidés de quelques soldats en retraite construisent le “bunker”, grande fosse de 5m x 5m creusée dans le sol à flanc de colline dans la forêt derrière l’hotel, étayée par des poutres de sapins et recouverte de troncs de sapins, de baches et de terre. La sortie de la cheminée sort 50 m en amont, pour ne pas trahir l’emplacement.
  • ~05.03.45 Une douzaines de personnes de la famille Molitor et les 2 PG, Edouard et Robert, se refugient dans le bunker; un des généraux allemand du Generalstab West les a prévenu qu’ils avaient intercepté un message radio americain précisant que “Le Generalstab Ouest allemand se trouve sur une ferme/proprieté isolée dans le coin de Eichelhütte, Eisenschmitt” et de se mettre à l’abrit au plus vite en prévision de l’attaque américaine imminente.
  • 05.03.45 La 4th Armored US Combat Command A est ralentie dans son avancée vers le Nord par un pont détruit à Oberkail (6 Km a l’Ouest d’ Eichelhütte).
  • 06.03.45 Le 1. Bataillon US, Combat Command A subit de lourdes pertes (morts et prisonniers) de la part des troupes/chars allemands lors de la prise de Schwarzenborn (sur le plateau à qq km d’Eisenschmitt ).
  • ~06.03.45 Les américains bombardent Eichelhütte depuis Spangdahlem (à 10 km au Sud), les grenades pleuvent autour du bunker.
  • 06 ou 07.03.45 Le Generalstab Ouest quitte l’Hotel et se replie vers Manderscheid.
  • Nuit du 06 au 7.03.45 Terrifiés par la nuit passée dans le bunker sous les bombardements, la famille Molitor évacue de nuit par le chemin de la forêt vers une cave de l’Abbaye d’Himmerod, ou beaucoup de civils ont trouvé refuge (l’Abbaye a aussi été transformé en hopital militaire par la Wehrmacht). Edouard reste au bunker pour surveiller la propriété et s’occuper du bétail.
  • 07.0345 matin Les troupes americaines prennent Eisenschmitt après de durs combats; les américains occupent les hauteurs au sud et au sud-est du village; les pionniers US construisent un pont sur la rivière Salm (voir ci dessous carte militaire US, ligne de front en rouge, Eichelhütte croix orange, source Library of Congress et extrait d’ 3rd US Army After Action Report Vol 1, chapitre 10 March Operations p. 295 ).
  • 08.03.45 Ne voyant ni américains ni allemands, Edouard sort du bunker vers 4h30 pour aller voir les bètes et nettoyer l’étable. Vers 18:00 arrivent les américains, Edouard se fait reconnaitre comme français et est libéré à ce moment précis. Les américains l’emmènent dans la cave de l’Hotel Huels, car c’est trop dangereux de rester dehors. Edouard, en tant que français est le seul à pouvoir sortir toutes les 2 heures nourrir les bètes.
  • 09.03.45 A 4:00 un officier américain demande à voir les papiers d’Edouard puis lui ordonne de monter dans leur vehicule; ils emmènent Edouard d’abord à Oberkail puis à Dudeldorf. Edouard passe la nuit suivante à Dudeldorf avec d’autres prisonniers français où il écrit une lettre d’adieu aux Molitors, voir ci dessous. Cette lettre sauvera au Printemps 1947 la famille Molitor alors que des officiers français voulait réquisitionner l’hotel et les exproprier. Après la lecture de cette lettre il s’attendrirent et acceptèrent que les Molitors restent dans l’hotel à condition que dans les années suivant des groupes d’enfants de militaires français pourraient y faire des colonies de vacances.

Lettre d’adieu d’Edouard aux Molitors (Source Chronik der Grossfamilie Molitor p. 553):

  • 12.03.45 Rapatriement d’Edouard et arrivée en Gare du Nord
Fiche de rapatrié d’Edouard
  • Après guerre – Edouard et les Molitors restèrent en contact, et leurs descendants sont toujours en contact.
Edouard avec son épouse et sa fille à une réunion de famille Molitor dans les années 70.